Sept siècles (et plus) de débats
Si le mystère demeure encore quant à l’origine du nom de la ville,
une chose est certaine, c’est bien le 20 janvier 1928 que l’île
décidément si singulière préféra définitivement Sète à Cette !
Qu’on se le dise ! Historiens patentés et étymologistes de renom* ont eu beau s’y essayer depuis fort longtemps, tous s’y sont cassés les dents et à ce jour, personne ne sait exactement
d’où vient le nom de Sète. Ah des hypothèses, ça par contre il y en a et elles remontent même à l’Antiquité. Grecque (ou plus précisément phénicienne) d’abord puisque Strabon, un contemporain de Jésus-Christ, désigne par « Sittion » la montagne boisée qui sert de repère
aux navigateurs qui croisent au large. Si le terme devient « Setion » pour le géographe
héllène Ptolémée, puis Setius, chez le latin Festus Avenius, un accord semble trouver sur l’origine du nom, de l’hébreu « Seth » qui signifie « élévation ».
Sauf que…
De Seth ou de Cetius ?
D’autres voient dans la forme de la colline, une tête de baleine » (sic), une autre origine du nom du site puisqu’en grec baleine se dit Ketos, puis… Cetus en latin (qui donnera d’ailleurs cétacé) ! Et les tenants de cette étymologie de faire référence à un autre « rocher » en forme
de baleine visible sur la côte d’Afrique du Nord, l’actuelle enclave espagnole de…Ceuta en territoire marocain.
Pas de quoi fouetter un chat (ou une baleine) me direz-vous puisqu’on parle bien du même endroit. Peut-être en effet, mais pendant plusieurs siècles – et en raison de cette divergence d’opinion d’érudits – le nom fut orthographié d’une bonne quinzaine de façons différentes.
Et même lorsqu’un port puis une ville sont officiellement créés sur le dit site, on trouve indifféremment sur les documents officiels les noms de Sète et de Cette, tandis que perdure également l’orthographe Sette. Décidément !
La Révolution française, qui a pourtant chamboulé beaucoup de choses, n’y fera rien elle non plus. Malgré une délibération municipale de 1793 qui décide, pour éviter la confusion avec l’adjectif démonstratif, de faire de Cette, Sète (vous me suivez ?), on continue à orthographier
Cette. Et c’est d’ailleurs à Cette que voit le jour Georges Brassens le 22octobre 1921, alors qu’il sera enterré à… Sète soixante plus tard (vous me suivez toujours ?). Entre temps, honoré
Euzet, maire de Cette, puis de… Sète a en effet fait adopter à l’unanimité par le conseil municipal le changement de nom de Cette en Sète.
Quant au « Grand Georges », toute cette histoire lui inspira bien évidemment une chanson
(« Jeanne Martin ») dont on ne résiste pas, pour conclure, à vous citer les passages les plus
savoureux.
« La petite presqu’île Où jadis, bien tranquille Moi je suis natif Soit dit sans couillonnade
Avait le nom d’un adjectif démonstratif …
Mais voyant d’infamie Dans cette homonymie Des bougres s’en sont plaints Tellement que bientôt On a changé l’ortho Graph’ du nom du pat’lin
* On retiendra en particulier « Origines et transformations de la ville de Cette » d’Emile
Bonnet